Musée-jardin Bourdelle

L'association François Pompon de Saulieu a organisé une visite au Musée-jardin Bourdelle d'Egreville (Seine et Marne), le 10 juin 2023. Les Amis de l'Ours, adhérents à l'association, ont pu en bénéficier.


 

Antoine Bourdelle (1861-1929) était né à Montauban et fils de menuisier comme François Pompon (1855-1933). Issus de milieux modestes tous les deux, ils fréquentent l'Ecole des Beaux-arts de Toulouse pour l'un, de Dijon pour l'autre avant celle de Paris.

Tous deux entreront dans l'atelier d'Alexandre Falguière avant d'être employés par Auguste Rodin : Bourdelle rejoindra l'atelier des plâtres en 1893, et Pompon celui des marbres en 1890. De ce fait, une grande amitié naîtra entre eux, et Bourdelle ne cachera pas son admiration pour l'ours de Pompon et l'incitera à le réaliser de façon monumentale :

"Le moment est venu pour toi de présenter tes animaux au Salon d'automne. Si tu veux y être remarqué, n'hésite pas à voir grand. Ton ours est si vivant qu'il gagnera encore en vérité par la taille. Ose, François ! ... Ose ! "

François Pompon l'assistera dans ses derniers moments, en évoquant leurs créations. Pompon a été influencé par la culture philosophique et poétique de Bourdelle et Bourdelle l'a conseillé dans sa sculpture animalière.


Après avoir oeuvré à l'ouverture et la mise en place du musée Bourdelle de Paris, Cléopâtre, sa femme et Rhodia, sa fille eurent envie d'un musée-jardin. Rhodia, épouse du décorateur Michel Dufet, achète un corps de ferme à Egreville et ils créent ce jardin entre 1966 et les années 80 avec des influences du Moyen Age, des jardins italiens, de l'art déco. Le jardin est structuré avec une symétrie qui passe par les massifs, avec des buis, des conifères, et un rideau de peupliers. Ainsi trône en son centre la statue équestre du Général Alvear (1913-1923) sur laquelle Antoine Bourdelle travailla 10 ans. Alvear libéra l'Argentine des Espagnols. Cette oeuvre monumentale est entourée de 4 allégories : la Force, la Victoire, l'Eloquence, la Liberté, mises en scène par des colonnes végétales, des peupliers, des noisetiers pourpres, des forsythias, et un cercle de rosiers rouges pour magnifier ce général.

 

Un musée-jardin de 7000 m² où les bronzes d'Antoine Bourdelle sont mis en valeur en pleine nature  :

 

Dès l'entrée, Héraclès (1909) nous accueille. On ressent l'influence grecque dans la figue d'Héraclès qui doit tuer les oiseaux du lac Stymphale et dans Nobles fardeaux (1910) où la femme, allégorie de la fécondité et de la fertilité, porte sur sa tête une corbeille d'offrandes (Canéphore).

La France (1925, 8m de haut) au visage grec représente une allégorie de la France, réalisée pour un projet de monument en remerciements aux Etats-Unis de leur participation à la 1ère guerre mondiale.

Jeanne d'Arc au sacre (1909) se rattache à la tradition de la sculpture religieuse médiévale.

 

 

Antoine Bourdelle a réalisé environ 80 sculptures de Beethoven (1903), car celui-ci représentait un modèle pour lui, par son romantisme et son génie créateur.

Les Beethoven peuvent être considérés comme des autoportraits lui permettant de s'interroger sur le sens de son art.

 

Bourdelle admirait Rodin (1909), après avoir été son praticien de 1893 à 1909. Rodin n'a posé que 3 jours pour cette sculpture. Exposée au salon, en 1910, elle fut déroutante pour le public par son aspect massif et les cornes sur sa chevelure.

 

 

Bourdelle était aussi sensible au monde pastoral. Son projet de monument pour Debussy en 1907 en témoigne avec cet Art pastoral en relation avec le Prélude à l'après-midi d'un faune, mais la famille refusa ce dieu Pan à pattes de bouc.

Avec Auguste Perret, Bourdelle a réalisé un grand nombre de sculptures, de bas-reliefs pour le théâtre des Champs Elysées dont en 1912 : L'âme héroïque, tendant vers le divin et L'âme passionnée, concentrée sur sa volonté.

Le centaure mourant (1911) est une transposition d'une fresque de la galerie du théâtre. Le centaure souffre, au visage aux yeux clos, à la bouche entrouverte, est sauvé par Prométhée qui lui fait don de son droit à mourir. Bourdelle fait de cette oeuvre une allégorie de la mort de la sculpture.

 


Eve (1906) et Adam (1889) se tournent le dos dans ce jardin. Adam semble accablé par son péché. L'influence de Michel-Ange est sensible par la puissance de la musculature. Quant à Pénélope (1905) au déhanché important, elle aurait le visage de sa première épouse : Stéphanie Van Parys et le corps de sa deuxième femme Cléopâtre Savastos.


Le jardin a été légué au Conseil général de Seine-et-Marne en 2002 et ouvert au public en 2005.

 

Voir le site du musée Jardin